Aujourd'hui, nous vous parlons d'un phénomène assez particulier qui se produit assez souvent dans Les Charentes : les tornades.
On pourrait appeler ces terres "les petits États-Unis français", comme d'autres. D'une, pour ces grands espaces, ses ranchs à l'américaine grâce aux bons goûts des Anglais, mais aussi pour les tornades. Bien sûr, nous n'avons pas que ça. Nous pouvons aussi compter sur le pineau, le cognac, les constructions troglodytes et gauloises, les grands vallées boisées de verdure et de prairies, une biodiversité qui donne le tournis, des marécages et plein d'autres bonnes choses.
Les tornades font parti de la vie quotidienne des charentais, même si certains y ayant toujours vécu, n'en ont quasiment jamais vu de leur vie. Oui, car on ne sait jamais où et quand elles vont tomber pour venir danser et flirter avec la terre du Poitou pour nous offrir un ballet aussi beau que dévastateur.
Ce fut en 2015 que nous avons enregistré un nombre important de tornades qui ont chuté entre septembre et octobre, faisant d'énorme dégâts un peu partout. Pas loin de 5 tornades sont venues rendre hommage à la beauté de la nature.
Oui, de vraies tornades. La tornade en météorologie c’est l’événement extrême. Le plus « Majestueux » pour un amateur en météorologie. La tornade, de par sa violence, dépasse n’importe quelle tempête. La tornade, de par sa rareté, est en quelque sorte un mythe. Elle fait davantage rêver que la neige.
Il existe plusieurs type de tornades, ce qui nous permet d'identifier leur force au moment où elles touchent le sol : F0 ; F1 ; F2 ; F3 ; F4 et F5.
Dans les Charentes, nous avons déjà recensé des tornades de type F4, sachant que les plus violentes, meurtrières et dévastatrices sont les F5. C'est déjà pas mal pour nos deux départements, hein ?
Une tornade (de l'espagnol tornado, dérivé du verbe tornar, tourner) est un tourbillon de vents extrêmement violents, prenant naissance à la base d'un nuage d'orage (cumulonimbus) lorsque les conditions de cisaillement des vents sont favorables dans la basse atmosphère. De très faibles tornades peuvent également se développer sous des nuages d'averses (cumulus congestus).
Ce phénomène météorologique a un pouvoir destructeur supérieur à celui d'un cyclone tropical au mètre carré, mais est de durée et d'étendue limitées : il concerne un corridor de quelques centaines de mètres de large sur quelques kilomètres de long. Certaines tornades ont engendré les vents les plus forts signalés à la surface du globe.
"Ce qu’on sait en tout cas, c’est que dans le nord de la
Nouvelle Aquitaine, au niveau des Charentes, s’y
trouvent les zones les plus actives du pays. Des dizaines
de cas y ont été recensés sur les dernières décennies."
Christophe Asselin, chasseur de tornades en Nouvelle-Aquitaine (cf)
Photos de tornades dans les Charentes trouvées sur le net
La région Poitou-Charentes compte parmi les zones du territoire français qui présentent une exposition marquée au risque de tornade. Le nombre de tornades au km² y est supérieur à la moyenne nationale. En moyenne, on estime qu'il se produit environ 2 à 4 tornades par an sur cette région.
Les recherches menées par Keraunos ces dernières années ont permis de mettre en évidence une climatologie atypique sur cette région, que ce soit dans la répartition saisonnière des tornades comme dans leur répartition horaire.
Les tornades se produisent en toutes saisons en région Poitou-Charentes, avec une répartition entre saison chaude et saison froide qui est presque équivalente.
Néanmoins, fait original, les tornades présentent une fréquence plus marquée durant la saison froide (de novembre à avril). Cette dernière rassemble en effet 53% des cas recensés. Les tornades de saison chaude sont faiblement minoritaires, avec une proportion qui est néanmoins très inférieure à la moyenne nationale (47% des cas recensés contre 74% en moyenne). Cette particularité est propre aux régions Poitou-Charentes et Limousin.
Les mois qui rassemblent le plus grand nombre de tornades sont les mois de janvier et novembre. La région Poitou-Charentes est ainsi la seule région de France qui possède ses plus gros pics d'activité tornadique en saison froide. De fait, le mois de juin est le seul mois estival qui ressort avec une fréquence significative dans cette région, mais il n'arrive qu'en troisième position des mois les plus propices aux tornades en Poitou-Charentes.
Ces divers éléments font du Poitou-Charentes une région atypique sur le plan de la climatologie des tornades, avec des caractéristiques bien distinctes de celles que l'on rencontre dans la plupart des autres régions françaises.
(cf)
Les tornades sont aussi fréquentes le matin que l'après-midi en Poitou-Charentes (37% des cas recensés sont observés sur chacune de ces deux plages horaires). Il s'agit là d'une seconde originalité de cette région, qui se trouve être la seule en France à présenter une répartition de ce type. En effet, sur la plupart des autres régions de France, les tornades sont en moyenne 3 à 4 fois plus fréquentes l'après-midi que le matin.
Le début de nuit et la fin de nuit se partagent équitablement les autres cas de tornades. Ce poids relativement élevé des tornades nocturnes est également original et ne se rencontre que rarement dans de telles proportions.
La région Poitou-Charentes a déjà subi des tornades de forte intensité ( de Force 1 à Force 4).
(cf)
En 1971, une tornade de Force 4 s'abat sur la Rochelle pour faire de nombreux dégâts :
Dégâts causés par la F4 de La Rochelle en 1971 (2 photos Sud Ouest)
Photos de tornades dans les Charentes trouvées sur le net
Il y a très régulièrement des tornades dans les Charentes, par le fait de son climat qui reste et restera différent du reste de la France, pour la simple et bonne raison qu'une fois dans les terres, l'atmosphère, les perturbations, les turbulences et les températures de l'océan Atlantique et celui du massif central montagneux et volcanique se mélangent et donnent un climat vraiment particulier dans les Charentes, voir presque instable à tout moment, favorisant les tornades, mais aussi les ouragans à fortes pressions (cf Ouragan Martin 1999) et de violentes tempêtes régulières.
La carte ci-dessus (actualisée fin 2009 ) localise tous les cas répertoriés sur la zone :
tornades recensées/avérées et fortement probables en rouge, cas plus incertains en orange
En effet, les experts météo situe entre « 40 et 50 tornades chaque année ». En Charente-Maritime, le 16 septembre 2015, c’est une des plus grosses jamais enregistrées qui a frappé la région. Formée aux abords de la ville de Saintes, elle a balayé six communes et endommagé près d’une trentaine de maison selon le quotidien régionale Sud-Ouest.
Christophe Asselin, chasseur de tornades en Nouvelle-Aquitaine
Les tornades proviennent quelquefois d'orages isolés, mais le plus fréquemment, elles résultent d'orages supercellulaires associés à des fronts froids ou des lignes de grains. Cependant, pour qu'une tornade se développe, il faut que l'air soit excessivement instable. Cela est rendu possible par : -le réchauffement de l'air près de la surface grâce à l'action du rayonnement solaire et par un apport d'air chaud et humide -le refroidissement de l'air en altitude provoqué par un apport d'air Il est nécessaire qu'une couche d'air relativement froid surmonte une couche d'air relativement chaud et humide. Dans ces conditions, il suffit d'une poussée vers le haut pour que se développent de violents orages qui peuvent dégénérer en tornades. Les orages les plus violents attirent l'air vers la base de leur nuage avec une grande force. Si l'arrivée d'air a un mouvement rotatif initial, il y aura souvent formation d'un tourbillon extrêmement concentré, se dirigeant de la surface vers l'intérieur du nuage. La vitesse du vent à l'intérieur d'un tel tourbillon peut excéder 375 km/h. En conséquence, la pression à l'intérieur du tourbillon est très basse. Les vents violents ramassent poussières et débris, et, sous l'effet de cette basse pression, un nuage en forme d'entonnoir se crée, de la base du cumulonimbus jusqu'au sol. Si le nuage n'atteint pas la surface, on a un entonnoir nuageux. L'entonnoir nuageux qui touche le sol est une tornade.
D'après les modèles usuels, la naissance d'une tornade à partir d'un violent orage se fait en deux étapes : 1) Le courant ascendant de l'orage se met d'abord à tourner. Le basculement de l'axe de rotation semble être le mécanisme principal intervenant à ce stade. La colonne d'air ascendante et en rotation, qui a un diamètre de 10 à 20 kilomètres, constitue le mésocyclone (si, par la suite, il engendre une tornade, ce qui n'est généralement pas le cas, on l'appellera un vortex tornadique). Les observations par radar Doppler ont montré que le mouvement de rotation commence dans la troposphère moyenne, à des altitudes comprises entre quatre et huit kilomètres. 2) Ce courant tournant se propage ensuite vers le sol par un effet de « tube dynamique ». Le long de la colonne en rotation, le champ de pression est en équilibre avec le champ de vents où la circulation est fortement incurvée. En effet, la force dirigée vers l'intérieur, qui s'exerce sur l'air du fait de la faible pression qui règne au centre de la colonne, est équilibrée la rotation de l'air autour du centre de la colonne. Dans ces conditions d'équilibre cyclonique, l'air circule facilement, autour et le long de l'axe du cyclone, mais il ne peut pratiquement pas s'en éloigner ou s'en approcher. Alors qu'auparavant une partie de l'air entrait dans la colonne ascendante à l'altitude des couches moyennes, maintenant la presque totalité de l'air s'engouffre à la base du tuba. Le cyclone se comporte comme un tube dynamique. Tout se passe comme dans le tuyau d'un aspirateur, hormis le fait que l'air n'est pas canalisé par les parois d'un tuyau mais par son propre mouvement tourbillonnaire. Il en résulte une intensification du courant ascendant et, par conséquent, un renforcement des vents qui convergent sous le cyclone. Du fait du cisaillement de la direction du vent, l'air qui s'engouffre dans le courant ascendant s'élève en tournant autour du centre de la colonne.
Le vortex a généralement (mais pas toujours) la forme d'un nuage en entonnoir (le tuba) qui s'étend parfois jusqu'à terre. Ce tuba ne se forme que si la chute de pression dans le cœur dépasse une valeur critique, qui est fonction de la température et de l'humidité relative de l'air entrant. Quand l'air pénètre dans la zone de basse pression, il se dilate et se refroidit. S'il se refroidit suffisamment, la vapeur d'eau qu'il contient se condense en gouttelettes. Plus l'air entrant est chaud et sec, plus la chute de pression doit être grande pour que la condensation puisse avoir lieu et que le tuba se forme. Parfois le tuba de condensation ne se constitue pas et l'on ne devine la présence de la tornade que par la poussière et les débris qu'elle emporte. Le tuba mesure de quelques dizaines de mètres à plusieurs kilomètres de long et, au point de contact avec le nuage générateur, son diamètre est compris entre quelques mètres et quelques centaines de mètres. Généralement il a une forme conique, mais les tornades très fortes engendrent des colonnes cylindriques courtes et larges. On distingue aussi, assez souvent, de longs tubes qui ressemblent à des cordes et qui serpentent horizontalement. Au cours de la brève existence d'une tornade (jamais plus de quelques heures), la taille et la forme du tuba peuvent beaucoup changer et refléter les variations d'intensité des vents ou des propriétés de l'air entrant. La couleur du tuba varie du blanc sale au gris et même au gris bleu foncé lorsqu'il est constitué principalement de gouttelettes d'eau ; quand le cœur se remplit de poussière, le tuba prend une teinte originale, comme par exemple la couleur rouge de l'argile de certaines régions. Les tornades peuvent aussi être bruyantes, tel un rugissement parfois. Ce rugissement résulte de l'interaction turbulente des vents violents avec le sol.
Quelques exemples de tornades passées dans les journaux :
"En ce mardi 26 Juillet 1983 après-midi, La région Poitou-Charentes a connu de très violents orages. Certaines communes ont même été frappées par des tornades et fronts de rafales, notamment la ville de Niort et le Marais Poitevin. Cette dernière, dévastatrice, a causé la mort de 3 personnes et fait 6 blessés."
"Le 1er janvier 2018, la tempête Carmen est passée sur le Poitou. Moins de dégâts que prévus, mais tout de même : 2 000 foyers privés d'électricité et des vents qui sont montés jusqu'à 120km/h. Une tornade de faible intensité a même traversé une commune sans faire de blessés."
"Le 16 septembre 2015, une tornade a balayé une partie de la Charente-Maritime mercredi en fin d'après-midi, faisant de gros dégâts. Les images prises par des internautes et relayées par Sud-Ouest sont impressionnantes."
La tornade de St Germain de Marencennes (15 mai 2005), photographiée par un témoin (photo d’un article de journal local).
Tornade filmée à La Rochelle le 18 avril 2009.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tornade_de_Sonnac_du_16_septembre_2015
https://www.lci.fr/societe/video-les-images-spectaculaires-de-la-tornade-qui-a-frappe-la-charente-maritime-1531590.html
http://superstorm.forumactif.com/t419-tornades-en-poitou-charentes