Nous voici sur le site de l'unique impact de météorite géante d'Europe, celui de Chassenon-Rochechouart, impact ciblé entre la Charente (16) et la Haute-Vienne (87). Le site météoritique est devenu un berceau géologique des scientifiques sur l'étude des météorites et astéroïdes.
Bienvenue à la réserve naturelle nationale de l’astroblème de Rochechouart-Chassenon.
La Météorite de Rochechouart-Chassenon
Un événement extraordinaire de l’histoire de la planète s’est produit sur la région de Rochechouart, Chassenon il y a de cela … 200 millions d’années. Une météorite géante, ou astéroïde, d’un kilomètre et demi de diamètre y a fini son voyage à 72 000 km/h… Imaginez le choc, l’explosion gigantesque libérant une énergie équivalente à 14 millions de fois une bombe atomique. Toute Vie est détruite dans un rayon de 200 kilomètres, le sous-sol est profondément bouleversé par le choc et la fusion. La zone d’impact s’étend sur un diamètre de 20 kilomètres où sont installés aujourd’hui les villes et les villages autour de Rochechouart en Haute-Vienne et de Chassenon en Charente.
De la force de cette explosion, la météorite n’a pas survécu, mais sa fusion avec les roches terrestres a donné naissance à des pierres uniques et rares, les brèches d’impact ou impactites. Leurs teintes variées selon les degrés de fusion, du jaune au vert, au rouge donnent une identité originale au patrimoine bâti local. Depuis toujours l’homme a utilisé ces pierres uniques nées de la rencontre du ciel et de la Terre pour construire son habitat. Des gallo-romains dont les thermes de Chassenon sont dans un remarquable état de conservation, à l’église au clocher tors et au Château de Rochechouart, jusqu’aux maisons du XXème siècle. Aujourd’hui seules les roches gardent la mémoire de cette histoire unique en France, les paysages présentent d’agréables vallonnements verdoyants où il fait bon vivre.
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Front de taille de la carrière Champagnac montrant l'impact - © C. Marchat
Le cycle orogénique hercynien, dont est issu le Massif-Central s’achève au début du Trias (-240 millions d’années). A la fin de cette époque, le supercontinent, La Pangée, va commencer à se fragmenter. C’est probablement à ce moment là que les océans Atlantique et Indien s’ouvrent.
Au Jurassique, les massifs hercyniens sont bien aplanis sous l’action de l’érosion. Il forment alors des pénéplaines. A cette époque, la mer commence à progresser sur ces plates-formes littorales.
La mer Jurassique va se retirer pour laisser la place à une couche de sédiments qui recouvre entièrement le cratère et ses impactites. Puis, l’orogenèse alpine va s’amorcer. Parmi les changements qu’elle va entraîner, il y a le soulèvement et le basculement du Massif-central. L’érosion se fait très intense et arrache peu à peu la couverture sédimentaire d’âge Jurassique. Ce phénomène poursuit son oeuvre en érodant sérieusement la couche des impactites.
Aujourd’hui, notre site situé en bordure Nord-Ouest du Massif central voit affleurer ici et là des lambeaux d’impactites.
A côté de ces impactites, la géologie de la région nous permet de voir des roches métamorphiques cristallophyliennes ( gneiss, micaschistes, leptynites), des roches plutoniques ( granite) et des roches filoniennes (microgranites).
D’un point de vue tectonique, on peut distinguer des grandes failles sub-verticales considérées pour la plupart comme étant postérieures à l’impact et des failles sub-horizontales interprétées comme conséquences directes de l’impact ( ces dernières ont participées aux mouvements de réajustement du cratère).
Une découverte récente… Des scientifiques, ces roches ne seront connues qu’au début du XIX siècle. En effet, grâce à la volonté politique du moment, un recensement pluriel fut entrepris sur toute la France. Des groupes de minéralogistes furent intégrés aux groupes de travail qui sillonnèrent toutes les régions françaises. Au début de ce siècle, ne sachant pas comment expliquer la formation de cette roche, ils ne purent constater que cette bizarrerie de la nature.
Brèche de Rochechouart - © F. Michaud / Commons
Il faut attendre des travaux plus récents pour commencer à voir poindre la vraie identité de ces roches.
Après avoir été expliquées par le biais du volcanisme, du plutonisme, du sédimentaire, ces roches trouvèrent enfin leur vraie origine grâce aux recherches de François Kraut. Avec l’appui des travaux américain et allemand, il put avancer une nouvelle hypothèse à la fin des années 60, celle du métamorphisme de choc.
L’astroblème de Rochechouart – Chassenon ( ou cratère fossile) se situe à la fois en Limousin et en Poitou-Charentes. Ainsi, deux régions ont le privilège de s’étendre en partie sur un site météoritique.
De la structure même du cratère il ne reste pas grand chose en apparence. La principale richesse et l’originalité de ce site s’observe en particulier dans son patrimoine bâti.
Ces roches spécifiques à la région de Rochechouart et des environs sont connues de la population depuis des siècles. Pour s’en rendre vraiment compte, il suffit de regarder les maisons, les églises, le petit patrimoine, qui témoignent de cette utilisation. La plus ancienne construction qui utilise ce matériau est le site des thermes Gallo-romain de Chassenon, édifice daté du Ier siècle après J.C.
Porche de l'église de Rochechouart montrant des impactites - © M. Jonin
Depuis des siècles, l’homme a utilisé les richesses locales, c’est à dire ce matériau né de la rencontre du ciel et de la Terre. Ces brèches d’impact se retrouvent partout et sur une surface qui équivaut à peu près à 250 km².
Vous serez surpris par les teintes et le charme qui se dégage de notre territoire d’exception, à mi-chemin entre la Haute-Vienne et la Charente.
Des forages de la zone d’impact de la météorite de Rochechouart ont débuté. Des scientifiques du monde entier sont intéressés. Pour mieux comprendre la formation des planètes et l’émergence de la vie.
Ils vont cuisiner les « carottes » de Rochechouart pendant des années. Des scientifiques du monde entier qui veulent répondre à de nombreuses questions, de la création des planètes à l’émergence de la vie. À la fin du printemps prochain, une cinquantaine de géologues, astrophysiciens, biologistes, chercheurs parmi lesquels le célèbre Hubert Reeves ou André Brack, un des plus grands spécialistes de Mars, mais aussi des Américains, Allemands, Australiens… seront invités à venir « faire leur marché » à Rochechouart en Haute-Vienne. (CF)
L'Astroblème de Chassenon-Rochechouart
L’astroblème de Rochechouart-Chassenon, surnommé « la météorite de Rochechouart » est un ensemble de traces laissées par l’impact d’une des quinze plus grosses météorites tombée sur la terre, selon le ministère. Il est en revanche classé 38e, selon la Earth Impact Database qui recense officiellement l'ensemble des impacts du globe.
On estime que cette météorite pesait 6 milliards de tonnes, avec un diamètre présumé de 1,5 km, et qu’elle a frappé la Terre il y a environ 214 millions d’années. L’astroblème de Rochechouart-Chassenon est l’un des plus grands astroblèmes d’Europe. En retirant les cratères ukrainiens et russes, il est classé à la 6e place. C'est aussi l’un des plus anciens astroblèmes de cette taille au monde. Pour les cratères de plus de 20 km de diamètre, il est en effet classé en 21e position.
Au moment de son impact la météorite s’est vaporisée et l’onde de choc a provoqué dans les roches cristallines du Limousin un métamorphisme de choc, c’est à dire des transformations considérables. A ce titre, l’astroblème de Rochechouart-Chassenon représente un patrimoine géologique exceptionnel et unique au monde par certains aspects, puisqu’il permet d’observer tous les stades de métamorphisme de choc depuis une fusion et même une évaporation des roches et de leurs minéraux, au centre du cratère, jusqu’à une simple fracturation à l’échelle du minéral.
L’astroblème de Rochechouart-Chassenon présente également l’originalité de posséder des roches particulières qui détonnent au sein de son socle cristallin. Appelées brèches, elles sont référencées pour la première fois en 1808. Ces roches originales ont été utilisées pour la construction des monuments gallo-romains, comme les thermes de Chassenon, ainsi que des habitations et monuments dans toute la région. (CF)
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