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L'église monolithe d'Aubeterre-sur-Dronne



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Nous voici donc vers un des plus beau monument de la Charente : L'église monolithe d'Aubeterre-sur-Dronne.


 

Aubeterre-sur-Dronne est un site remarquable souvent repris par les sites de tourisme en Dordogne. Mais oui, nous sommes bien en Charente, et plus précisément en Sud-Charente, un territoire riche en histoire et sites étonnants et prestigieux à découvrir.


Anciennement une grotte préhistorique, datant du protohistorique, qui abritera bien plus tard un sanctuaire, appelé nemeton, où étaient célébrés des cultes païens celtiques. L'église d'Aubeterre sera creusée dans la roche, du haut vers le bas, pour y édifier un lieu sacré inspiré de la Capadocce en Turquie. Oui, les cultes celtes n'étaient que l'évolution des croyances datant de la préhistoire. C'est pour cela que les celtes reprirent les sites et monuments préhistoriques pour les intégrer à leurs cultes : grottes, dolmens, menhirs, etc...


l'entrée de l'ancienne grotte aurait pu ressembler à ça


Le christianisme, ensuite, tentera systématiquement de récupérer les lieux sacrés celtes basés sur des lieux d'énergie provenant de notre mère "la Terre".


Certains retracent l'église primitive jusqu'aux premiers siècles de notre ère où les premiers chrétiens persécutés se réfugièrent dans les ravins des rochers et dans les grottes pour pratiquer leur nouvelle religion.


Nous pouvons néanmoins envisager qu'il y ait des variations dans la qualité et dans l'intensité des énergies dégagées en différents endroits de la surface du globe terrestre. Certains points semblent se comporter comme des foyers de fortes énergies, points qui souvent sont reconnus depuis des milliers d'années comme lieux d'une puissance spirituelle. Nous pouvons les scinder en deux catégories : les Sites Sacrés et les Lieux énergétiques. Ils se trouvent souvent reliés entre eux par des lignes d'énergie ou de puissance subtile.



Cette église est donc postérieure et remonte aux XIe et XIIe siècles et a été creusée dans la roche en même temps que la construction du château féodal. Nous sommes en 1097 et le vicomte d'Aubeterre, Pierre de Castillon dit aussi Pierre I, le même qui fit creuser l'église monolithe de Saint-Emilion, part en compagnie de Godfrey de Bouillon pour la première croisade, suite à l’appel du pape Urbain II, ce qui le mènera via des incursions militaires à Marash, à Antioche et à Tripoli. À Jérusalem, il défendit le Saint-Sépulcre et découvrit, en Terre Sainte, les églises creusées dans la roche. Et ainsi lorsque Pierre de Castillon revient de la croisade avec tout un tas de reliques chrétiennes, il a naturellement eu l'idée d'agrandir l'église primitive, de creuser la colline sous le château en construction, pour en faire une cathédrale, un lieu saint qui abritera ses précieuses reliques. Tous ces travaux pharaoniques sont confiés à des moines bénédictins qui se sont mis à sculpter la colline à la main, du haut vers le bas. Et ces moines sont motivés parce qu'ils travaillent pour leur Dieu et on dit que parmi les reliques extraordinaires rapportées par Pierre de Castillon de Jérusalem, il y aurait aussi la croix sur laquelle Jésus a été crucifié. L'œuvre aurait été achevé en une dizaine d'années à peine.



ici, c'est nous, à Aubeterre-sur-Dronne ©Charente Périgord


Elle est là, grandiose, dans son écrin de calcaire crayeux, datant du Campanien (Crétacé supérieur).



Sa façade attire l'œil, déforme notre réalité du géant et nous oblige à revoir notre position sur notre vision de l'église.


Sa majesté nous ouvre ses vastes portes pour ainsi dévoiler ses entrailles de pierres, un véritable vaisseau de roc. Le premier regard se pose sur autre chose que le monument : la grandeur de ce monstre solitaire, dévoilant les spectres d'un passé historique et imposant. L'église troglodyte nous racontait son histoire au travers de sa falaise creusée, de ses colonnes octogonales de titans taillés dans le rocher puis ornées d'un essai de chapiteau et de ses vestiges souverains.


Lorsque vous entrez dans ce sanctuaire, presque surnaturel, similaire à une énorme grotte sculptée, il faut imaginer un véritable lieu de paix avec des vitraux au-dessus de l'entrée inondant et baignant de lumière divine les murs ornés, les tapisseries, les armoiries, des seigneurs enterrés dans la nécropole, qui pouvaient resplendir au-dessus de leurs tombes. Vous devez imaginer l'étonnement des pèlerins de Compostelle qui se sont retrouvés devant le Saint-Sépulcre.



L'espace démesuré et intimidant nous oblige à la réflexion, à l'invocation de nos sens qui s'éveillent pour ainsi nous avertir qu'ici, nous sommes tous petits.

Nous dirions même plus que cette cathédrale minérale nous invite à la prière spirituelle, sans rapport avec la religion, mais bien pour réfléchir sur l'exploration qui s'offre à nous. Un monument sacré du repos éternel élevé dans le but de nous montrer son âme antique.



Nous sommes subjugués par l'œuvre, par la possibilité humaine fabuleuse d'un ancien temps, l'architecture prestigieuse et théâtrale du désir noble d'un homme, Pierre de Castillon, vicomte d'Aubeterre, voulant y déposer les Saintes Reliques dans cette étui sanctifié. L'ingéniosité était là, face à nous et nous ne pouvions que contempler ce trésor inestimable qui se dressait devant nos yeux tel un titan pélagique, semblant flotter en parfaite harmonie dans sa falaise où autrefois l'océan était maître des lieux.





 


A l'entrée, se trouve une crypte passant pour avoir été un ancien lieu de culte mithraïque, découverte par hasard en 1961 à la suite d'un effondrement causé par un camion qui a fait une erreur en se garant devant l'église.

À l'époque des premiers chrétiens, la religion était à la mode dans notre région. Peut-être dans cette cavité souterraine se pratiquait le baptême romain de Mithra et qu'au lieu d'être baptisé d'eau, les habitants d'Aubeterre recevaient une gerbe de sang de taureau juste abattu. L'hypothèse aventureuse que l'église primitive a été construite sur un temple mithraïque est d'autant plus séduisante que la crypte ressemble à l'autel du mithraeum trouvé à Rome sous la basilique de San Clemente al Laterano. Cependant, selon les archéologues, il s'agit simplement d'un autel chrétien.


 


Devant nous, se plonge, dans le sol, une fosse baptismale paléochrétienne, où est creusée une croix grecque, qui aurait eu en son sein un morceau de la croix du Christ.


 


Sur notre gauche, une pièce cachée s'enfonce dans ce temple : une nécropole de 170 tombes ayant accueilli autrefois les défunts voulant rester proche du lieu sacré. Une autre, derrière nous, se trouvera une chapelle primitive creusée au VIIème siècle et renfermant 80 sarcophages médiévaux : c'était un privilège très recherché que d'être enterré à l'intérieur de l'église, au plus proche des Saintes Reliques.


 


Sur le mur à notre droite est sculptée en bas-relief dans la roche, la croix du Golgotha, celle de la crucifixion du Christ.



 


Derrière nous se trouve le joyaux : le Saint-Sépulcre, ou la représentation et inspiré du tombeau du Christ décrit par les croisés, ce qui renforce l'hypothèse d'une église construite pour accueillir les reliques de la Sainte Croix. C'est un imposant reliquaire haut de 6 mètres, comportant deux niveaux et qui est orné de colonnettes et d’arcades décorées. Que contenait ce reliquaire ? Certainement quelque chose qui avait un lien avec le Christ, même si le souvenir de ces reliques n'a pas été préservé. Il a cependant, à une époque, accueilli des dépouilles. Au XIXe siècle, on a découvert dans la partie basse plusieurs châsses contenant des ossements.

Quoi qu'il en soit, les projecteurs mettent divinement bien en valeur cette œuvre d'une beauté inédite en Europe, permettant au visiteur d'imaginer toute la symbolique qui illustre cette reconstitution du tombeau saint.


 


Il faut monter dans le déambulatoire, perché sous le berceau des voûtes par un escalier amorcé dans un mur et creusé dans la masse menant vers les galeries aux étages. Un ensemble de couloirs et d'escaliers s'ouvre à vous afin d'admirer de plus haut l'élégance et la beauté de cet édifice souterrain qu'est l'église Saint-Jean D'Aubeterre. De la galerie, on domine l'ouvrage et on prend enfin conscience de la prouesse architecturale réalisée ici. Une issue, aujourd’hui murée, donnait sur la falaise et un souterrain avec des marches reliait l’église au château.





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4 comentarios

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Merci Jacqueline pour votre joli commentaire. Nous espérons vous revoir encore parmi nous :)

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MERCI pour ce beau voyage dans le temps. Je suis emplie de la musique des Hospitaliers.

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Bonjour Glady, vous pouvez le partager partout où vous le souhaitez, sans modération. C'est avec grand plaisir que nous recevons votre si beau commentaire.

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J‘ai partagé sur ma page FB - puis-je partager largement sur des sites dédiés au Patrimoine - Magnifique travail qui m’a amené si loin dans l‘origine des religions, que je me suis sentie bien inculte - amitiés - Glady

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