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Le château de Salignac : une baronnie oubliée du Périgord


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Aux confins du Causse de Martel, dans le Périgord Noir, la charmante commune de Salignac-Eyvigues, ses rues étroites et tortueuses, pavées de vieilles pierres, offrent le spectacle que seules les cités millénaires peuvent renfermer. L'église et quelques belles demeures, rappellent les époques des seigneurs et des prêtres qui ont laissés leurs marques dans le paysage patrimonial du village.


Nous déambulons dans ces ruelles étroites, pour certaines, mais ô combien charmantes. Nous sommes toujours aussi fans des vielles pierres et de découvrir le village de Salignac-Eyvigues nous transporte encore une fois dans un autre temps, un passé si proche, mais si loin à la fois.

Quelques prises de vue afin de vous montrer l'authenticité de cette petite cité qui a tout d'une petite bourgade envoûtante. Bien entendu, Jumper est toujours de la partie, sans quoi, nous y serions pas allés. Il est indispensable pour nous de pouvoir voyager et avoir accès aux lieux avec notre petite mascotte, l'amour de notre vie !



Mais, vous nous direz pourquoi nous sommes venus à Salignac ? Et bien tout simplement parce que Myriam Legault nous a contactés pour nous faire découvrir le château qui se trouve sur la commune.


Nous ne connaissions pas du tout l'existence de ce château, ni son histoire jusque là inconnue pour nous. Mais la surprise fut de taille quand nous avons découvert cet énorme vaisseau de pierres sur son éperon rocheux qui se dressait de sa plus belle allure. Entouré de ses remparts, il montrait sa puissance historique qui a fini par nous embarquer à travers le temps.



L'une des collines environnante est investi par les hommes depuis des temps immémoriaux. En effet, il y a bien des millénaires, à l'époque préhistorique, les premiers hommes prirent d'assaut l'éperon rocheux pour y établir leur havre de paix. Si les vestiges de ces premières habitations, qui se résument à des cluzeaux, enfouis sous la terre, c'est l'histoire du fier château de Salignac qui s'y dresse encore, que nous allons vous raconter.



L'histoire de Salignac née avec le premier seigneur du nom, Geoffroi, vers l'an 980. C'est très probablement à lui que l'on doit l'aménagement de la motte castrale et le premier donjon autour duquel le village prendra à son tour racine. N'ayant aucune archive de cette lointaine époque, nous ne pouvons que supposer que le château primitif était, comme l'étaient alors de nombreux autres, entouré de palissades faites de bois.



Il faut patienter jusqu'à l'an 1040 pour trouver les premières traces écrites de Salignac et de sa châtellenie, dans les chroniques de l'Abbaye de Sainte Foy de Conques. Il faudra encore attendre qu'un demi-siècle s'écoule alors avant que les pierres ne se manifestent sur le site.



C'est là, au cœur des XIIe et XIIIe siècles que va naître une des particularités du château de Salignac. Il faut pour cela se pencher du côté de la généalogie. Amalvin Ier de Salignac, quatrième seigneur de cette localité, eut deux fils, Amalvin II et Aimery II de Salignac. À la mort du père, les deux frères se partagèrent la châtellenie et devinrent tous deux coseigneurs, de même que leurs descendants. Chacun des seigneurs ayant la charge d'une portion des remparts, endossant ainsi une part de la responsabilité. Outre l'aspect pragmatique de cette stratégie, qui visait à optimiser le fonctionnement économique, elle permettait également de surveiller de manière constante un frère qui, par moments, pouvait se révéler excessivement cupide.


Reconstitution du château de Salignac

Photos et reconstitutions : © Château de Salignac


C'est ainsi que Salignac se dota de plusieurs donjons, que des courtines reliaient entre eux. D'une part, ces pièces maîtresses du château permettaient aux coseigneurs de régner sur leur propre partie du château tout en partageant une autorité commune. D'autre part, elle servait de garde-fou, évitant que l'un des frères ne succombe à l'appât du pouvoir et ne cherchât à accaparer les richesses de l'autre.



On dénombra, en 1281, jusqu'à une quatorze coseigneurs, parmi lesquels figuraient alors quatre membres de la puissante famille Salignac, ainsi que dix autres seigneurs locaux influents tels que les Ferrières, Turenne, ou encore Biron. Vers 1300, on retrouve en plus, des chevaliers aux patronymes notoires à l'image des Beynac.



Outre les donjons, qu'ils soient encore debout ou qu'ils ne subsistent que sous la forme de vestiges, il est également possible de retrouver de nos jours, dans la basse-cour, à proximité de la vieille porte permettant l'accès au château, les ruines d'au moins deux maisons médiévales en pierres qui pourraient correspondre à des habitations chevaleresques.



Peu à peu, le château s'étendit, devenant au milieu du XVe siècle l'un des plus vastes châteaux du Périgord. Aujourd'hui encore, une superficie de 6000 m² de cette enceinte subsiste, témoignant de son glorieux passé.



À mesure que le château de Salignac prenait de l'ampleur, la puissance de la famille Salignac gagnait également en influence. Le premier d'entre eux à s'inscrire dans une histoire plus vaste fut Raymond de Salignac, qui occupa, tout comme son fils Antoine de Salignac, la fonction de Sénéchal du Périgord. Antoine de Salignac accéda à des fonctions encore plus éminentes, telles que conseiller et chambellan du roi de France Charles VIII, et il fut surtout le premier à porter le titre de Baron de Salignac. Ce grand seigneur entrepris également la restauration de son château, fortement endommagé lors des différents sièges qu'il dut affronter durant la terrible guerre de Cent Ans.



En effet, lorsqu'on évoque les quatre grandes baronnies du Périgord, la baronnie de Salignac, cinquième du Périgord, est souvent négligée, injustement oubliée dans les récits historiques. Et bien oui : il n'y a pas eu 4, mais bien 5 baronnies en Périgord (voir plus encore).


Malheureusement, la prestigieuse famille de Salignac connut, de 1460 à 1497, ses heures de gloire avec Antoine de Salignac, avant de s'éteindre avec son fils, Bertrand. Celui-ci, ne laissa derrière lui que des filles. C'est ainsi, qu'en 1545, la magnifique cité de Salignac passa entre les mains d'Armant de Gontaut, époux de Jeanne, qu'il eut en seconde noce.



Cet événement marqua un tournant dans l'histoire de Salignac. N'ayant de richesse que l'illustre nom qu'il portait, Armant de Gontaut, fut contraint de vendre ses biens patrimoniaux afin de conserver Salignac. Ses ressources financières ne lui permirent pas de subvenir aux besoins d'entretien de ce merveilleux vaisseau de pierres.


Tel un symbole illustrant le début du déclin de la grande histoire de Salignac, la Tour Saint-Martial, pièce maîtresse de la forteresse s'effondra. Emportant avec elle une partie de la chapelle castrale, qui était incorporé dans la tour, les archives seigneuriales de Salignac qui s'y trouvèrent furent ensevelis pour toujours.



Passant de famille en famille, peu à peu délaissé, Salignac connu une longue agonie jusqu'au milieu du XXe siècle.


La première bonne étoile du château vieillissant n'est autre qu'un enfant du pays, un artiste peintre qui a su, à travers son regard et ses pinceaux sentir l'âme des lieux et éveiller les consciences autour de lui. Lucien de Maleville, né à Périgueux en 1881, a passé son enfance non loin de Salignac, sous le regard des hautes tours du château de la Mothe-Fénélon. Nommé, en 1942, inspecteur par l'État français pour recenser et protéger les sites remarquables de France. Dévoué, corps et âme à cette noble tâche, le périgourdin dressera une liste de 80 sites, parmi lesquels 53 seront retenus, dont Salignac. En février 1944, le château et le bas du village de Salignac sont officiellement inscrits comme site remarquable nécessitant une protection.



Par la suite, en 1965, le paysage et les vues sur le château qu'offrent les reliefs voisins sont à leur tour classés. Et c'est finalement, le château lui-même qui, le 23 mai 1969, est inscrit à la liste supplémentaire des monuments historiques.



Malgré les classements successifs, les affres du temps et l'absence d'entretien laissaient Salignac dans un douloureux état. C'est en 2006, avec le rachat de la propriété par Éric Starckmann, qu'un souffle nouveau est enfin donné au château. Avec le concours de toute sa famille, débuta de grands travaux de rénovation. Des planchers qui firent peau neuve, jusqu'aux toitures de lauzes et les charpentes, en passant par les extérieurs qu'il fallut nettoyer, tout y passait pour sauver et rendre au château de Salignac son faste d'antan.



Après trente longues années de fermeture et quatorze ans de dur labeur, les lourdes portes du château s'ouvraient enfin, pour le plus grand bonheur et la fierté des propriétaires. Grâce à leur passion, à un engagement sans faille où chaque instant de la vie y est consacré, les nouveaux visiteurs pouvaient admirer les minutieuses restaurations effectuées, ayant préservés les éléments architecturaux d'origine et ravivés la splendeur passée du château.



De nouvelles initiatives culturelles telles que Les opusculaires, qui reviendront cette année les 22 et 23 juillet. Un événement à ne surtout pas manquer pour tous amoureux d'histoire, vous serez alors immergés totalement dans la vie d'un château médiéval du XIIIe siècle. Une façon très agréable et surprenante de découvrir cette période fascinante, dans un cadre merveilleux.



Affiche et photo : © Château de Salignac


Cette renaissance du château de Salignac est un véritable hommage à l'artiste visionnaire Lucien de Maleville, ainsi qu'à tous ceux qui ont contribué à la préservation et à la mise en valeur de ce joyau du patrimoine. Grâce à eux, les visiteurs d'aujourd'hui peuvent apprécier la grandeur du passé tout en célébrant la vitalité renouvelée de ce lieu chargé d'histoire.

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